Grégory Wathelet à Aix-la-Chapelle, terre de ses exploits
Médaillé d’argent individuel des championnats d’Europe à Aix-la-Chapelle en 2015 avec Conrad de Hus, puis vainqueur du Rolex Grand Prix en 2017 sur cette même piste mythique avec Corée, Grégory Wathelet est en terrain conquis ce weekend dans la Mecque de l’équitation.
Le Belge est certainement l’un des cavaliers les plus discrets sur le circuit. Une discrétion qui cache un grand travailleur et passionné des chevaux depuis sa plus tendre enfance. À 42 ans, Grégory Wathelet, installé à une trentaine de kilomètres de Liège, n’a plus grand-chose à prouver. Son palmarès, son équitation, son talent et son humilité parlent pour lui. Avec son fidèle Nevado S (ndlr. ils ont remporté les championnats du monde des jeunes chevaux à Lanaken voilà 8 ans !), il s'est notamment paré de bronze par équipe lors des derniers Jeux Olympiques à Tokyo (ndlr. 9e place en individuel), d’or encore par équipe aux Européens à Rotterdam en 2019, et a également gagné de nombreux prestigieux Grands Prix. En 2021, sur cette même piste d’Aix-la-Chapelle, toujours associé à Nevado S, il montait sur la troisième marche du podium du Rolex Grand Prix, derrière Daniel Deusser et Brian Moggre.
Sur son terrain de jeu
Il faut dire que cette mythique arène d’Aix-la-Chapelle, Grégory Wathelet la connait bien. Dire qu’il en a fait son terrain de jeu ne serait même pas exagéré. En 2015, il décroche avec Conrad de Hus l’argent en individuel lors des championnats d’Europe organisés sur ce même sol. Puis, en 2017, il signe l’un des plus belles performances de sa carrière : il remporte le prestigieux GP du Rolex Grand Slam of Show Jumping, en selle sur Corée… « C’est marqué à vie dans ma tête. Ce sont des sentiments uniques, quelque chose que tu n’oublieras jamais. Je dis toujours que, contrairement à l’argent qui disparait tout de suite, les souvenirs restent, et c’est ce qu’il y a de plus beau », raconte le sympathique Belge.
Les étapes du Rolex Grand Slam ont toujours une place particulière dans son agenda, même si Grégory met systématiquement la priorité sur le bon programme pour ses montures. « Tout est toujours réfléchi en fonction de mes chevaux. C’est sûr que j’essaie d’en faire des objectifs lorsque c’est possible ! Hormis peut-être Calgary, qui est un concours très particulier, où il faut un type de monture assez spécifique. Conrad de Hus et Eldorado, par exemple, étaient très à l’aise sur la piste canadienne », explique-t-il. En revanche, difficile de faire l’impasse sur Aix-la-Chapelle et Genève. « J’ai toujours dit qu’Aix était le plus beau concours extérieur du monde. Et Genève, le plus bel indoor ! » Alors y participer a, chaque fois, une saveur un peu particulière…
Cette semaine, le jeune papa – son fils aura 2 ans dans quelques jours – comptera sur de prometteuses montures. Ace of Hearts a commencé à faire ses preuves voici un peu plus d’un an. « À 13 ans, il est peut-être un peu tardif selon les standards, avoue volontiers Grégory. Cependant, il a de bonnes excuses ! Nous l’avons acheté à la fin de ses 5 ans. Il avait déjà un potentiel hors normes, mais a été légèrement retardé dans sa progression par quelques petits couacs physiques, puis par le Covid, notamment. Il est donc resté environ quatre ans éloigné des terrains de compétition. Il fallait aussi le former correctement. Il avait une telle qualité qu’il se perchait beaucoup trop à l’obstacle. Aujourd’hui, c’est un cheval avec beaucoup de caractère – il a souvent des idées bien définies ! –, mais assez classique à la monte. Je crois beaucoup en lui, mais ne veut pas le brusquer. Il participera au Prix des Nations jeudi puis, si on se qualifie, au Rolex Grand Prix dimanche. »
Le Belge a également emmené sur terres allemandes Bond Jamesbond de Hay, un étalon de 12 ans, avec lequel il fait connaissance sur herbe ce weekend. « Je ne veux pas me hâter dans sa préparation ; Bond fera peut-être de plus grosses épreuves ces prochains jours, mais le Prix d’Europe mercredi soir était trop compliqué, venait trop tôt pour sa confiance qu’il faut construire peu à peu. » En revanche, avec sa prometteuse 8 ans Flagship de Hus, le Belge s’est illustré en début de semaine en remportant l’épreuve d’ouverture réservée aux jeunes chevaux !
Avec Nevado S à Paris ?
Au-delà d’une performance ce weekend, Grégory Wathelet a évidemment dans le viseur les championnats d’Europe à Milan dans quelques semaines… Mais surtout les Jeux Olympiques de Paris en 2024. « Nevado S fera l’impasse sur Milan, car je préfère le garder un peu frais pour l’an prochain. Si je suis sélectionné, cela se jouera donc entre Ace et Bond, selon leur évolution d'ici au rendez-vous italien. » Mais d’abord, il fera une petite pause dans son programme bien chargé pour organiser un concours dans ses écuries à Clavier, en Belgique. Peu d’occasions de souffler donc, pour le cavalier de 42 ans ! « La vie sur la route est assez éreintante, mais c’est aussi pour ça que j’aime mon sport. Ce qui me passionne, avant tout, c’est le contact avec l’animal, l’incertitude aussi qu’il y a autour, ces aléas, cette adrénaline qui font de ce métier et de ce sport, selon moi, le plus beau du monde. »
Entre deux chevaux et concours, Grégory n’a qu’une seule chose en tête : profiter de passer le plus de temps possible avec son fils. Les pieds sur terre, et la tête parfois dans les étoiles : le quotidien d’un homme sorti de sa campagne natale, qu’il ne pensait jamais quitter, par la passion des chevaux et un travail acharné. « Mon cœur est rempli de belles rencontres humaines et sportives, que je n’aurais jamais pensé vivre avec une telle intensité. C’est un métier extraordinaire. »
Aurore Favre
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