La jeune Vaudoise avait obtenu la précieuse wild card pour le Concours Hippique International de Genève en terminant deuxième du Grand Prix du CSI U25 de Chevenez en octobre dernier. Suite à l’annulation de l’édition 2020, elle a revu ses plans hivernaux et s’est installée en Espagne où les concours continuent à être organisés. Rencontre avec cette cavalière talentueuse qui partage son temps entre ses chevaux et des études de droit. Avec rigueur, travail et humilité.
Propos recueillis par Sophia Urban
Alexandra connait bien le Concours Hippique International de Genève (CHIG). Elle n’a manqué aucune édition, aussi loin que sa mémoire s’en souvienne ! Si, à l’époque, elle demandait des autographes à ses idoles, elle aurait dû cette année se retrouver de l’autre côté, à détendre ses chevaux dans le même paddock qu’eux et courir sur la grande piste de Palexpo. «Obtenir une wild card, c’est différent, c’est légendaire. Comme obtenir le Graal ! Jusque-là, j’avais l’impression que c’était un rêve inatteignable.» Les superlatifs ne manquent pas pour celle qui a obtenu le précieux ticket à Chevenez. La joie a toutefois été de courte durée. «Je me doutais que le CHIG risquait d'être annulé… J’ai bien sûr été déçue, comme tous les cavaliers. Mais j’ai surtout eu une pensée pour les organisateurs qui se sont battus jusqu’au bout pour le maintenir. Je leur souhaite une édition 2021 aussi belle que les précédentes ! La situation est telle qu’elle est, et nous devons en tirer le meilleur. C’est pourquoi j’ai revu mon programme et me suis installée quelques semaines en Espagne afin de continuer à sortir mes chevaux en concours. Le niveau est très élevé, c’est dur de se classer, mais j’apprends énormément ! Quant au CHIG, je pense déjà à l’année prochaine. La triste nouvelle de cette année me motive d’autant plus à réussir de belles performances en 2021, histoire d'être présente à Genève dans les épreuves U25 (réd. pour les espoirs de moins de 25 ans) et de ne pas regretter 2020 !
Le haras du Val Henry
Un positivisme inhérent à la jeune Vaudoise de 20 ans, qui pratique sa passion grâce au soutien de ses parents. «Mon père m’a toujours dit: on n'a rien sans rien. Je suis consciente de la chance que j’ai de les avoir derrière moi.» Un soutien d’envergure de la part de ses parents qui ont développé un haras en Normandie afin de lui fournir des chevaux du plus haut niveau. Pourtant pas du tout issus du milieu équestre, ils ont lancé le haras du Val Henry en 2008. «C’est difficile de suivre le rythme avec des bons chevaux lorsque l’on atteint un certain niveau. C’est pourquoi nous faisons de l’élevage. Ma mère a toujours été passionnée par les chevaux, sans faire de compétition, alors que mon père est passionné par sa famille. Du coup, il n’a pas eu le choix…», plaisante-elle. «Un cavalier professionnel est sur place. Il garde les chevaux jusqu’à leurs cinq ans puis, selon leur potentiel et leur caractère, ils me rejoignent en Suisse ou sont vendus. Il est difficile de faire naitre des cracks; s’il y en a un dans le lot, il est en principe pour moi. Nous commercialisons aussi, notamment pour développer la réputation du haras. Une de nos juments est depuis cette année sous la selle de Jessica Springsteen, c’est très gratifiant.»
Alexandra monte aujourd’hui une jument qu’elle a vu naître, Aladina du Val Henry. «Je m’entends mieux avec les hongres de façon générale, mais c’est très spécial de monter une jument de notre élevage. Mon meilleur cheval est Calou, que je monte depuis une saison. Il est extraordinaire, mais très sensible, il a peur de tout ! Je ne peux même pas dézipper ma veste quand je le monte. Mais dès qu’il arrive en piste, c’est un bon soldat qui prend sur lui. Enfin, mon cheval de cœur est Unpulsion de la Hart, que j’ai récupéré pour les petits tours. Malgré son âge (16ans), il s’est remis à classer des grosses épreuves.»
Privilégiée certes, mais travailleuse aussi
«Je suis très reconnaissante envers mes parents, poursuit la jeune cavalière, et j'essaie de tout faire au mieux pour honorer leur soutien. Je me lève tôt, me couche tard, travaille sans cesse pour les chevaux ou pour l’université.» Une situation privilégiée qui n’a pas toujours été facile à assumer. «Ce n’est pas évident d’être respectée dans ce milieu, quand on a la chance d’avoir un tel soutien de ses parents.»
La vie d’Alexandra est liée aux chevaux depuis qu’elle sait marcher. Elle a fait ses gammes à poney, puis a intégré l’équipe suisse à 15 ans. L’an prochain, elle participera à sa dernière saison chez les jeunes cavaliers avec un objectif clair, le championnat d’Europe. «Si je parviens à me qualifier, j’y viserai une belle performance. Avec Calou, j’ai des chances de prétendre à un bon résultat.» Alexandra n’est pas la seule à viser cet objectif, mais la concurrence reste saine au sein de la formation helvétique. «Tout le monde se connaît dans l’équipe suisse, sa composition n’a pas trop changé depuis que nous sommes à poney. Nous sommes amis, comme une grande famille, et je peux me tourner vers les autres quand j’en ressens le besoin. Évidemment, nous pratiquons un sport compétitif et individuel, mais la concurrence n’entache pas l’ambiance. Nous avons toujours appris à respecter les décisions des chefs d’équipe. C’est décevant de ne pas être sélectionné, mais cela pousse à être meilleur la fois suivante !»
Lorsque les mesures sanitaires le permettent, la Vaudoise s’entraîne, depuis deux ans maintenant, avec la famille Van Paesschen. Celle-ci se déplace deux week-ends par mois à Bassins et accompagne son élève sur les compétitions internationales. En faisant partie par ailleurs de la Swiss Youth Academy, Alexandra bénéficie de l'aide, généreusement mise en place par la famille Straumann, accordée à tous les cadres de la relève helvétique.
Étudiante à distance
L'année 2020 a été évidemment particulière pour Alexandra. «Le plus difficile a été, en l'absence de compétitions, de garder les chevaux dans une forme physique optimale pour l'éventuelle reprise. Rester motivée sans enjeu en vue, j'avoue que c’est compliqué ! Le seul avantage a été de pouvoir aménager un peu mon temps. Étudiante en droit à l’université, j'ai suivi tous mes cours à distance cette année et ai pu organiser mes journées à ma guise.» Des journées chargées qui commencent à 8h00 à Bassins, à quelques minutes de chez elle, où elle vient tout juste de s’installer avec ses chevaux. «Les installations de Psaro’s Horses sont magnifiques. Je pense beaucoup au confort de mes chevaux, c’est ce qui m’a poussé à les amener ici.» Elle monte ses quatre chevaux par le matin et consacre les après-midis à ses études. «Pouvoir monter tous mes chevaux quotidiennement a porté ses fruits. Je me sens plus proche d’eux, je ressens mieux ce dont ils ont besoin, cela m'aide beaucoup.»
Et les résultats ont suivi. Vivement 2021 et le retour, on l’espère, à un rythme plus classique pour continuer à suivre le parcours de la talentueuse Vaudoise.
Née le 8 mars 2000, Vit à Begnins
Membre des cadres helvétiques jeunes cavaliers
Ses quatre chevaux sont Calou (hongre, 13 ans), Unpulsion de la Hart (hongre, 16 ans), Aladina du Val Henry (jument, 10 ans), Tant d'Espoir Lindenhof Z (jument, 12 ans)
Ses chevaux sont logés dans les écuries Psaro’s Horses, à Bassins
Produit ajouté à votre panier !