Contrairement à la Coupe des Nations BMO de samedi, qui était baignée par les chauds rayons du soleil d’automne avant l’heure, l’International Ring était couvert d’un ciel gris et plongé dans un froid glacial pour le dernier jour des CSIO Spruce Meadows 'Masters' de 2019. Un nombre sans précédent de 48 couples de chevaux et de cavaliers s’affrontèrent dans l’épreuve-reine de cette semaine, le CP 'International', présenté par Rolex, pour décrocher le très convoité titre de vainqueur de Majeur du Rolex Grand Slam of Show Jumping et inscrire son nom dans l’histoire équestre.
Le fidèle chef de piste vénézuélien de Spruce Meadows, Leopoldo Palacios, et son assistant, Peter Grant, proposèrent aux cavaliers issus de 22 pays une série de difficultés ardues, comme à l’accoutumée. La première manche se composait de 17 obstacles et la deuxième en comptait 14. Sur les 48 partants, 12 cavaliers prirent le départ de la deuxième manche avec parmi eux les huit sans-fautes de la première manche.
C’est l’actuel numéro six mondial, l’Américaine Beezie Madden et son étalon alezan de 11 ans, Darry Lou, qui triompha en n’ajoutant qu’un point de pénalité de temps au sans faute de sa première manche, dans un temps de 66,94 secondes. Elle remporte ainsi le premier Majeur du Rolex Grand Slam of Show Jumping de sa carrière.
Également sans-faute dans la première manche, l’Australien Rowan Willis et sa jument alezane de 13 ans, Blue Movie, fit tomber une barre dans la deuxième manche et termina sur la deuxième marche du podium avec un temps de 65,93 secondes, tandis que l’Autrichien Max Kühner et son étalon gris de 12 ans, Chardonnay 79, s’octroya la troisième place avec un total de cinq points dans un temps de 66,78 secondes.
Beezie Madden, rayonnante, commenta : « C’est incroyable. C’est un endroit tellement incroyable. C’est un honneur d’être ici. Chaque victoire est fantastique, mais je dois dire que celle-ci est vraiment particulière. »
« J’ai le sentiment que Darry Lou est le favori du public parce qu’il est tellement mignon. Le public est formidable. Les spectateurs supportent évidemment les cavaliers canadiens, mais ils apprécient le beau sport. »
« Aujourd’hui, il [Darry Lou] était juste parfait. Je pensais l’avoir laissé un peu trop frais à la détente l’autre jour, mais je m’en suis sortie et il était tout de même formidable. C’est agréable d’avoir établi un plan et qu’il se déroule comme prévu. Lorsque ça se passe mal, c’est de ma faute parce qu’il fait absolument tout ce que je lui demande. Il a un galop magnifique, un saut magnifique et un tempérament incroyable. Il est consciencieux, il a de la couverture et c’est un vrai plaisir. »
« Je n’étais pas sûre d’y aller [au CHI de Genève], mais j’imagine que cela va régler mon dilemme et je vais vouloir y aller. C’est incroyable de remporter cette épreuve et d’essayer de gagner le Rolex Grand Slam, ou une partie seulement, serait incroyable. »
Que préférez-vous dans le métier de commentateur équestre ? Quel aspect trouvez-vous le plus gratifiant ?
Cela fait quelques années maintenant que je suis commentateur équestre. Il y a beaucoup de grands moments et c’est dur aussi parfois, mais nous voyageons dans le monde entier et nous rencontrons beaucoup de gens très intéressants. Cela nous donne aussi l’occasion de nous rendre à des endroits comme Spruce Meadows où nous pouvons voir concourir les meilleurs cavaliers et chevaux au plus haut niveau.
Quels sont les grands moments de votre carrière de commentateur équestre ?
Il y a eu tant de grands moments dans ma carrière. Spruce Meadows, avec ce tournoi des ‘Masters’, est toujours un grand moment – il accueille le plus grand Grand Prix du monde dont la dotation est de 3 millions de dollars canadiens (2,05 millions d’euros). Parmi les autres grands moments, il y a eu la Finale de la Coupe du Monde de saut d’obstacles de 2017 que j’ai commentée à Omaha, dans le Nebraska – l’ambiance était électrique pour une si petite ville.
Y a-t-il des commentateurs sportifs qui vous inspirent ou que vous admirez ?
En ce qui concerne les commentateurs, je suis un cas à part, car je ne puise pas vraiment d’inspiration auprès des autres commentateurs. J’ai démarré ma carrière très jeune, à l’école de théâtre. Ensuite, je me suis formé à la radio et à la télévision, mais j’ai aussi monté à cheval toute ma vie, donc j’ai associé les deux. Lorsque je cherche de l’inspiration ou des personnes à qui je pourrais prendre des idées, je regarde des émissions de télévision, comme The X Factor [équivalent de La Nouvelle Star] ou Britain’s Got Talent [version britannique de La France a un incroyable talent]. D’une certaine façon, ça me différencie un peu du lot, parce que j’arrive à emprunter des éléments à des événements qui ne sont pas sportifs et à les imbriquer dans ma personnalité de commentateur du saut d’obstacles.
Qu’est-ce qui rend un commentateur exceptionnel ?
Il est primordial de parfaitement se préparer, car il faut tout savoir sur les cavaliers, les chevaux et le sport. En plus d’être commentateur, je pense qu’il faut aussi être un animateur qui cherche à informer les spectateurs. Il y a des commentateurs sur le circuit qui paraissent interchangeables, voire un peu ennuyeux. Même si notre sport est le sport d’une minorité qui ne cesse de croître, il est incroyablement passionnant et c’est mon travail de donner l’impression que c’est The X Factor.
Quel conseil donneriez-vous à une personne qui envisagerait de faire carrière dans le commentaire sportif ?
À quelqu’un qui envisage d’exercer le métier de commentateur sportif, je dirai qu’il faut préparer, préparer, et encore préparer. Pour une émission d’une heure, vous devez compter environ trois heures de préparation. Je recommanderais aussi d’essayer d’acquérir des expériences les plus variées possible. Le fait d’avoir démarré à la radio m’a beaucoup appris, parce que je restais assis dans un studio quatre heures par jour, six jours par semaine, à parler littéralement tout seul ! Lorsqu’il y a un imprévu sur la piste et que je dois meubler, ça ne me fait pas peur puisque je sais m’exprimer. C’est aussi judicieux de regarder des compétitions très variées et des sports aussi variés que possible, de décider ce qu’il vous plaît et pour quoi vous avez du talent avant de forger votre propre personnalité.
Quel est le meilleur conseil que l’on ait pu vous donner ?
Je pense que c’est lié à la préparation. Si vous ne vous préparez pas, vous risquez d’être ennuyeux ou d’avoir des propos éculés. Vous devez aussi vous efforcer d’être toujours frais et dispo.
Quelles manifestations équestres aimez-vous commenter et pourquoi ?
J’ai beaucoup de chance parce que je me rends dans quelques-unes des plus grandes compétitions du monde. Je ne vais plus à des manifestations par obligation ou parce qu’elles payent bien ; j’y vais par plaisir. J’ai débuté ma carrière nord-américaine de commentateur à Spruce Meadows. Ils ont publié une annonce sur Facebook et je leur ai envoyé une bande démo de tout ce que j’avais fait. C’est la septième année que je viens ici et c’est l’un de mes concours préférés.
En plus de commenter les événements aux hauts niveaux, j’aime aussi participer à des compétitions de plus petite envergure chez moi, au Royaume-Uni, parce que ça signifie beaucoup pour les cavaliers qui n’ont pas très souvent l’occasion d’entendre ce niveau de commentaires. Je suppose que ça signifie plus pour eux que pour Kent Farrington ou Steve Guerdat, par exemple.
Pourquoi Spruce Meadows est-il si spécial ?
Spruce Meadows est incroyablement spécial, et si vous n’y êtes jamais venu, vous devez le vivre une fois dans votre vie. Il y a tant d’éléments qui font que ce lieu est magique. Les pistes sont spectaculaires, le public que Spruce Meadows attire est électrique et tout est parfait. Ce qui m’a sauté aux yeux lorsque je suis venu pour la première fois à Spruce Meadows, c’est l’attention portée aux moindres détails. C’est un site géré par une famille qui exerce un rayonnement international, non seulement sur les cavaliers qui viennent y concourir, mais aussi sur le public.
Vous y trouvez aussi des épreuves-phares, comme le CP ‘International’, présenté par Rolex, qui fait partie du Rolex Grand Slam of Show Jumping. Parmi les autres grands moments, il y a l’ATCO Electric Six Bar et une soirée de gala avec un orchestre et un feu d’artifice. Vous ne voyez pas cela dans les autres compétitions.
Que pensez-vous que le Rolex Grand Slam of Show Jumping a fait pour le saut d’obstacles ?
Le Rolex Grand Slam of Show Jumping ne cesse de se développer. Il attire un grand nombre des meilleurs cavaliers mondiaux, qui veulent tous remporter l’un des quatre Majeurs du Rolex Grand Slam pour écrire leur nom dans l’histoire. J’étais là quand Scott Brash a été sacré premier cavalier à remporter le Rolex Grand Slam et il en parle encore aujourd’hui. Je ne pense pas que ce soit l’aspect financier qui attire les cavaliers, je pense que c’est le trophée et le titre. Tant d’autres sports ont leur propre Grand Chelem et le fait que le saut d’obstacles ait le sien a tout simplement transformé ce sport.
Quels chevaux Eric a-t-il amenés à Spruce Meadows cette année ? Pouvez-vous m’en dire un peu plus sur chacun d’eux ?
Eric a amené Coco Bongo, Chacco Kid et Fine Lady 5. Ils ont tous les trois des personnalités très différentes.
Coco Bongo est très facile à vivre et rien ne paraît vraiment le perturber. C’est très simple de s’occuper de lui et il est rarement stressé – je dirai qu’il est plutôt froid. Vous pouvez littéralement tout faire avec lui – il est toujours très agréable.
Chacco Kid est le cheval le plus mignon que je connaisse – je n’ai jamais connu de cheval qui comprenne les humains aussi bien que lui. Il veut toujours attirer l’attention et il a toujours quelque chose dans la bouche – il essaye littéralement de tout manger. Quand Eric est là, son niveau de stress augmente et il devient assez anxieux parce qu’il s’efforce toujours de faire plaisir et il sait qu’Eric attend beaucoup de lui.
Fine Lady 5 est sans aucun doute la plus compliquée des trois. C’est notre seule jument. Elle est très sensible et un rien la perturbe, comme la musique et tout ce qui fait du bruit – ça la rend folle. S’il y a du bruit et qu’elle est au box, elle se met à gratter et à se retourner et elle fait généralement toute une scène. Malgré tout, c’est ma préférée, car il n’y en a pas deux comme elle – elle veut tellement faire plaisir en permanence. Quand je la regarde, je sais que je n’aurai jamais une telle relation avec un cheval comme celui-là – elle est incroyable.
Comment s’est passée l’année qui vient de s’écouler ? Y a-t-il eu des moments forts ?
Après les CSIO Spruce Meadows ‘Masters’ de 2018, Eric a fait une longue pause et l’écurie marchait au ralenti. Mon meilleur moment a été de le revoir en piste – c’est incroyable de voir ce qu’il est arrivé à faire. Ce n’était pas seulement un grand moment pour moi, c’en était un pour toute l’équipe. Ça a été très difficile pour nous tous de ne plus le voir. Après tout ce qu’il s’est passé, le voir revenir pour les Summer Series et remporter deux épreuves 5* à la suite, nous n’en demandions pas autant.
Est-ce que de nouveaux chevaux sont arrivés à l’écurie de Torrey Pines depuis les Spruce Meadows ‘Masters’ de 2018 ?
Nous avons une petite écurie de commerce et il y a toujours beaucoup de chevaux qui vont et qui viennent. Il y en a quelques-uns qui sont prometteurs qui pourraient bien faire quelque chose et Eric espère qu’ils pourront bientôt monter en gamme.
En tant que groom, ressentez-vous plus de pression en venant à un Majeur du Rolex Grand Slam ?
Toujours. La semaine précédant la compétition, le niveau de stress est élevé à la maison. Nous faisons notre maximum pour nous préparer à venir ici, puisque nous savons que c’est une longue et dure semaine pour Eric et les chevaux. Les chevaux arrivaient d’Europe, donc ils ont dû supporter un long vol et notre but est qu’ils soient au mieux et en top forme dès leur arrivée ici. C’est sûr que c’est stressant – venir ici pour les ‘Masters’ ce n’est pas la même chose que de venir ici pour les Summer Series, parce qu’il y a un but ultime clair à la fin de la semaine.
Combien de temps passez-vous à voyager ?
Nous passons seulement cinq semaines dans l’année au Canada pour les Summer Series. Ensuite, nous sommes en Floride, de décembre à avril, et le reste du temps, nous sommes en Europe. C’est plus excitant d’être en Europe, parce que nous changeons d’endroits toutes les semaines et je trouve que les sites européens sont toujours beaux.
L’année dernière, Eric et Fine Lady 5 ont fini septième au CP ‘International’, présenté par Rolex. Feront-ils mieux cette année ?
J’aimerai bien, car Fine Lady 5 est en grande forme actuellement. Nous nourrissons de grands espoirs en elle, mais je pense personnellement qu’elle va faire un beau parcours. Non pas que le résultat de l’année dernière était mauvais, mais je pense qu’Eric et elle peuvent mieux faire.
Le Canada est qualifié pour Tokyo 2020. Comment vous préparez-vous aux Jeux avec l’équipe ?
Nous sommes encore loin de Tokyo 2020 et c’est un long processus. Mais nous commençons à discuter pour savoir lesquels des chevaux ont le potentiel pour les jeux et dans quels types d’épreuves ils doivent concourir pour veiller à ce qu’ils soient prêts. Il faut tenir compte du moment de la journée où ils devront sauter et s’ils doivent participer à davantage d’épreuves nocturnes. La météo est aussi un critère qui entre en compte, car il pourrait faire très chaud à Tokyo.
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